THE MARCUS KING BAND: Soul Insight (2016)

Musicians:

Marcus King - guitar, pedal steel & vocals
Jack Ryan - drums & percussion
Stephen Campbell - bass
Justin Johnson - trumpet & trombone
Matt Jennings - keyboards, organ & background vocals
Dean Mitchell - saxophone

Additional musicians :
Warren Haynes - guitar
Derek Trucks - guitar
Todd Smallie - bass
Kofi burbridge - flute
Joe mCEwen – cowbell

Titles:

01 Ain't Nothin' Wrong With That - 3:48
02. Devil's Land - 5:09
03. Rita Is Gone - 4:25
04. Self-Hatred [feat. Derek Trucks] - 5:33
05. Jealous Man - 4:34
06. The Man You Didn't Know - 4:41
07. Plant Your Corn Early - 5:07
08. Radio Soldier - 4:53
09. Guitar In My Hands - 2:54
10. Thespian Espionage - 5:34
11. Virginia [feat. Warren Hayes] - 6:34
12. Sorry 'Bout Your Lover - 3:26
13.
The Mystery Of Mr. Eads – 1:45

Si Warren Haynes a vanté les mérites de ce jeune guitariste, ce n’est pas par hasard. Il a remarqué ses qualités, son talent et sa technique mais il a aussi été séduit par autre chose. Dès les premières notes de ce disque, tout devient plus clair car le jeu de Marcus King est largement influencé par le style du père Warren (on s’y tromperait presque). Un mélange de blues, de rock, de jazz et de soul joué avec une maturité étonnante pour un gars de vingt ans qui sort un premier album assez balaise. Ainsi, quelques teintes « hendrixiennes » viennent colorer « Always » un blues-rock légèrement psychédélique avec un long solo de guitare et un solo de batterie. On sent que l’Allman Brothers Band a fortement marqué le jeune gratteux (enfin, la version du groupe que l’on a pu entendre ces quinze dernières années). Cette influence est évidente, que ce soit en blues-rock mid tempo (« Boone », « Honey »), en blues (« Dyin’ ») ou sur l’instrumental halluciné (« Fraudulent Waffle »). Le choix des accords, le son et le jeu de guitare, la rythmique et la progression harmonique, tout évoque les grands délires musicaux de l’ABB. Marcus excelle aussi dans les instrumentaux jazz-rock à la Sea Level (« Dave’s Apparition », « Booty Stank »). Enfin, deux morceaux très sympathiques doivent être également signalés. Tout d’abord, le cool et mélodique « Everything » avec une pointe de « Southern soul » et un solo à la limite du jazz. Ensuite vient « Opie », bluesy et feutré, orné d’un solo inspiré. En conclusion, cet album dégage un sentiment d’homogénéité et de maîtrise technique avec un son impeccable et des musiciens irréprochables.Mais attention ! Attention à ne pas faire de la musique pour musiciens ! D’accord, cette galette baigne dans l’ambiance Allman Brothers. Mais un ABB à la version récente, loin des envolées country de Dickey Betts et de la hargne de Duane Allman (dont on a souvent oublié le côté rock et spontané). Marcus King se fait son petit rêve dans son coin, dans le genre « l’ABB actuel rencontre Miles Davis ». Et il y parvient aisément, avec talent et élégance. Cependant, le résultat risque de se révéler peu accessible. On a du mal à croire qu’un mec normal et naturel, qui n’a jamais posé ses doigts sur le manche d’une guitare ou les touches d’un clavier, puisse s’éclater en écoutant ce disque. Il faudrait que Marcus King rajoute un peu de rock à droite et une touche de blues traditionnel à gauche. D’un autre côté, il a le mérite de reprendre un style difficile auquel peu de musiciens ont essayé de s’attaquer. Et il le fait extrêmement bien, ce qui doit être souligné. Warren Haynes se serait-il trouvé un successeur ?

Olivier Aubry